Il nous est tous arrivé de rouler derrière un véhicule dont le conducteur a oublié d’éteindre son clignotant. Agaçant, n’est-ce pas ? On se demande ce qui a pu lui échapper : une distraction passagère ? Un volume de musique un peu trop élevé ? Ou, peut-être, un signe précoce d’une perte auditive.
En effet, comme près de 25 % des personnes entre 50 et 59 ans, il est possible que ce conducteur souffre d’une perte auditive légère à modérée, qui, petit à petit, s’est installée sans qu’il ne s’en rende compte. Ce type de déficience auditive est insidieux. On commence par s’adapter, et avec le temps, on oublie ce qu’était un monde sonore clair.
Nous nous habituons, nous compensons, nous finissons par penser que tout est normal.
Pourtant, plus tôt une perte auditive est détectée, plus il sera facile de s’adapter à un appareillage auditif, qui peut vraiment changer le quotidien.
Reconnaître les signes qui ne trompent pas
La perte auditive, en général, ne survient pas du jour au lendemain. Elle s’installe progressivement, presque silencieusement, et il est facile de ne pas s’en rendre compte tout de suite. Voici quelques signes révélateurs :
Vous commencez à éviter les situations sociales
Les discussions de groupe deviennent épuisantes, nécessitant une concentration extrême pour tout entendre. Petit à petit, vous préférez éviter les situations bruyantes ou les réunions, ce qui peut entraîner une forme d’isolement social.
Vous faites répéter les gens souvent
Les conversations deviennent frustrantes et exigeantes. Vous demandez régulièrement à vos proches de répéter, et ils commencent à le remarquer. Ce n’est pas forcément qu’ils n’articulent pas assez, mais bien que votre audition commence à faiblir.
La télévision ou la radio sont devenues « inaudibles »
Vous montez le son de la télévision, mais même là, les dialogues semblent flous. Les acteurs « n’articulent plus » et certains mots échappent facilement. Si votre entourage trouve que vous montez trop le volume, c’est peut-être un signe.
Les bruits du quotidien vous échappent
Des sons discrets, mais constants dans notre environnement – comme le bip du micro-ondes, le bruit du clignotant de votre voiture, ou le tintement d’une sonnette – passent de plus en plus inaperçus. Ce n’est pas le bruit qui a changé, mais bien votre capacité à le percevoir.
Le Saviez-Vous ?
L’effet d’habituation est un phénomène par lequel notre cerveau s’adapte aux sons auxquels nous sommes exposés régulièrement, comme les bruits urbains ou le fond sonore d’un bureau. Cette capacité à « oublier » certains sons peut parfois masquer une perte auditive : en s’habituant à ne pas entendre certains sons, nous risquons de passer à côté des premiers signes d’alerte.
Que faire face à ces signes ?
Le plus important est d’agir tôt. Si vous reconnaissez certains de ces signes, prenez le temps d’en parler avec vos proches et envisagez de passer un bilan auditif. Un test auditif est simple, indolore et gratuit. En détectant la perte auditive rapidement, vous pouvez envisager des aides auditives adaptées pour continuer à vivre pleinement chaque instant, entouré de vos proches, sans frustration.
5 manières de prévenir la surdité à tous les âges – Source infographie : ameli.fr
Pourquoi la perte auditive mérite une attention précoce
La perte auditive n’est pas qu’une simple gêne : elle peut avoir des conséquences profondes sur la santé cognitive et le bien-être général. Des recherches montrent qu’une déficience auditive non traitée est étroitement liée à un déclin des fonctions cérébrales, accélérant des troubles tels que la diminution de la mémoire, de l’attention et de la capacité de raisonnement. Par exemple, une étude menée auprès de personnes âgées a révélé que les personnes malentendantes subissaient un déclin cognitif jusqu’à 40 % plus rapide que celles ayant une audition normale.
Le risque de démence, notamment, augmente avec la perte auditive. Une baisse d’audition de seulement 25 dB double ce risque, tandis qu’une perte plus importante peut le multiplier par cinq. Ce lien s’explique par plusieurs mécanismes. D’une part, le cerveau se voit obligé de compenser la difficulté à percevoir les sons, mobilisant des ressources cognitives au détriment d’autres fonctions essentielles, comme le traitement de l’information ou la mémoire. D’autre part, la perte auditive entraîne souvent une réduction des interactions sociales, ce qui accentue l’isolement – un facteur de risque majeur pour le développement de la démence.
L’impact des nuisances sonores et la prévention
Nous vivons dans un monde de plus en plus bruyant. Que ce soit à cause de la circulation, des travaux de construction, ou encore de l’exposition à des niveaux sonores élevés lors de concerts ou au travail, notre audition est constamment mise à l’épreuve. Les bruits forts peuvent causer des dommages auditifs immédiats, surtout s’ils dépassent les 120 décibels, le seuil de douleur auditive. À long terme, même des bruits modérés peuvent endommager l’audition s’ils sont constants.
Pour ceux qui habitent en région urbaine, en particulier dans des zones denses comme Paris, la lutte contre le bruit devient une priorité. Bruitparif, l’observatoire du bruit en Île-de-France, œuvre depuis 2004 pour surveiller et cartographier les nuisances sonores. En informant le public et les autorités locales, Bruitparif aide à sensibiliser sur l’importance de protéger son ouïe face aux bruits environnants.
Adopter des gestes simples, comme l’usage de protections auditives lors d’événements bruyants ou limiter l’exposition au bruit en ville, peut faire une réelle différence pour la santé auditive.
Les causes de la perte auditive : un ensemble de facteurs
Les causes de la perte auditive : un ensemble de facteurs
Outre les nuisances sonores, de nombreux autres facteurs influencent la qualité de l’audition avec le temps. Voici les plus fréquents :
L’usage de médicaments ototoxiques : Certains traitements médicaux peuvent endommager l’oreille interne. Il est donc important de rester vigilant aux effets secondaires de certains médicaments et de consulter un professionnel de santé en cas de doute.
L’âge : On parle souvent de presbyacousie, un terme médical désignant la perte auditive due au vieillissement naturel. Avec l’âge, les cellules ciliées de l’oreille interne – responsables de la captation des sons – s’usent et ne se régénèrent pas. Ce processus commence dès l’âge de 45 ans et s’accentue avec les années.
Les bruits forts : environnements bruyants, musique à plein volume, et outils ou machines industrielles endommagent l’ouïe. En effet, une exposition régulière à des niveaux sonores élevés peut accélérer la perte auditive.
Les facteurs personnels et héréditaires : Certaines personnes naissent avec une sensibilité auditive accrue, tandis que d’autres développent une déficience auditive suite à des infections, des maladies, ou des traumatismes physiques.
Agir à temps : préserver son audition et sa qualité de vie
Face à l’ensemble de ces facteurs, il est essentiel de prendre soin de son audition dès les premiers signes. Passer un test auditif à partir de 50 ans est un geste préventif simple et recommandé. En agissant tôt, vous mettez toutes les chances de votre côté pour préserver votre qualité de vie et éviter les désagréments sociaux liés aux difficultés d’écoute.
En cas de perte auditive diagnostiquée, des aides existent pour redécouvrir pleinement les sons du quotidien. Les appareils auditifs modernes sont discrets et permettent de renouer avec une audition claire et naturelle, améliorant ainsi la qualité de vie et favorisant la communication avec les autres.
Alors, ne laissez pas un simple clignotant ou une sonnerie de micro-ondes échapper à votre attention. Ces signes peuvent être discrets, mais ils sont précieux pour veiller sur votre santé auditive.
